Un avortement par la main du diable.
Vue de l'Installation, SOMA, 2019.
Papier de kombucha, papier d’Amate, textes manuscrits.
Invoco la mano izquierda de mi madre que las monjas de su escuela ataron durante su niñez por ser zurda. Llamo a esa mano que impidieron dejar expresarse por ser la del diablo.
Te reconozco a ti. Tú, ese mismo diablo que me advirtió sobre lo que iba pasar y por qué iba a pasar. Agradezco que me dejaras ver a través de un sueño ese aborto y el reflejo de las razones por las cuales decidí no acoger esa vida en mí. Me avisaste del dolor que tuve que vivir renunciando al deseo de ser madre por mi vida inestable y querer ser artista. Recuerdo que mi madre decidió gestarme y renunció a entrar en Bellas Artes. Agradezco a esa encarnación fallida por revelarme que quiero ofrecerle un hogar y que tengo que prepararlo. Transcribo sobre Amate la visión de ese espíritu que dejé en las tierras de México. Usando las bacterias de kombucha heredad de mi abuela, hago un papel orgánico. Que se quede mi experiencia en esa hoja como se inscribió en mi cuerpo el recuerdo de esas moléculas que no dejé llevar a cabo. Todas estas materias orgánicas aquí vinculan mis territorios afectivos. Llamo a mi tejido simbólico para que soporte tu memoria y que puedas irte en paz. Sé que no mato nada, lo devuelvo a que se procese en otra cosa. Sé que la vida es infinita.
Te agradezco, diablo, por dejarme decidir sobre mi vida y mi cuerpo.
Te devuelvo, diablo, ese destino tan corto que compartí para que puedas nutrir otras formas de vida.
Mano izquierda, te amo.
Ciudad de México, 2019
J’invoque la main gauche de ma mère, celle que les soeurs ont attachée durant son enfance pour être gauchère. J’appelle cette main dont on a nié l'expression pour être celle du diable.
Je te reconnais. Toi, ce même diable, qui m’a averti de ce qui allait se passer et du pourquoi cela allait se passer. Je te remercie de m’avoir laissé percevoir, à travers ce rêve, cet avortement et le reflet des raisons pour lesquelles je refuserai de garder avec moi cette vie. Tu m’as averti de la douleur que j’allais vivre en renonçant au désir d’être mère en conscience de ma vie instable et du souhait d'être artiste. Je me remémore que ma mère a poursuit sa grossesse en renonçant à l'école des Beaux-arts. Je remercie cette incarnation fortuite de m’avoir révélé que je souhaite offrir un foyer et que je dois le préparer. Je transcris sur du papier d’Amate la vision de cet esprit que j’ai déposé sur les terres du Mexique. De l’utilisation de Kombucha transmit par ma grand-mère, je fais un papier organique. Que la mémoire de ces cellules inachevées s'inscrivent sur cette feuille. Toute cette matière, ici, trace mon territoire affectif. J’appelle ce tissu symbolique qui est mien, à porter ta mémoire et t’accompagner pour partir en paix. Je sais que je ne tue pas, je transforme en autre chose. Je sais que la vie est infinie.
Je te remercie, diable, pour me laisser décider de ma vie et mon corps.
Je te rends, diable, ce court destin que j’ai partagé pour nourrir d’autres formes de vie.
Main gauche, je t’aime.
México, 2019